• PSYNEMA

    PSYNEMA

    piotr bresch psynephile a verdi (en vaut deux)

    Le psynema est un cinéma mental, dans lequel on enregistre les pensées, obsessions, délires du psylmeur, aujourd’hui potentiellement en couleur et sonore mais qu’on observe toujours sur écran, puisqu’on ne sait pas encore faire lire un psylm directement dans le crâne ouvert du spectateur.
    La machine a psylmer qu’on nommera camera ou chambre à coucher, ressemble en tout point à une caméra dont on aurait remplacé l’objectif par un stéthoscope comme un docteur qui vous colle une douille au corps et vous ausculte avec. Ce n’est pas tellement l’objet que le matériau contre lequel on le plaque qui compte: En somme toute  caméra classique peut psylmer si on se la colle sur la tempe ou le front (qui produit des images plus baveuses. Comme on dit : à bon front bon con).


    On peut se psylmer à tout moment et dans tous ses états. Bien que jeune et techniquement rudimentaire encore, le médium poupon dispose déjà de plusieurs genres bien marqués:
    psylm de rêve, psylm délirant,  psylm en baise, psylm pendant orgasme,  psylm précédent suicide, psylm de démence, psylm de bad trip  etc., on peut également se faire psylmer à son insu bien que la convention de Genève réprimande sévèrement la chose.
    « Les images les plus troubles sont les meilleures » disait andré bouzin. Comme en cinéma le psynémateur ou psynéaste apprend peu à peu son langage non pas scénique mais psychique, de sorte que plus on se psylm, plus on voit nos pensées clairement, plus les images sont exactes, stables. A force de dessiner on maitrise l’outil, c’est comme tout.


    Le psynema et la matière psylmique dépendent totalement du psynéaste: certains (se) pensent en long, en large, en noir, et blanc, et gris, et couleurs, d’autres sont muets, certains encore sont plus cassés que d’autres.
    Les images psylmées sont une échographie du réel, du rêve. Au fil que le rêveur les vit, les images-son-sens se font. Une fois réveillé, le psylmeur transforme ses perceptions mentales, ceci explique les grandes variations de volume et de graphisme des personnages pouvant se transformer, grossir, rétrécir, un peu comme un animateur travaillant en straight infoutu de tenir ses volumes et le design imposé. C’est en fait un processus normal, comme un embryon échographié qui se développe et change au fil des enregistrements, le temps que notre « image de nous-même » se forme et solidifie.

    Jean louis  Gilles mendes coufault est l’inventeur et essayeur initial de la machine. Ses premiers rêves-psylms dépeignent des orgies, s'imaginant en harem, célèbre grâce à son invention. Pour des raisons de bonne mœurs et autres chefs d’accusation plus crades dans l’appellation que par les faits, nous ne présenterons pas ici ces premiers essais psylmés du créateur, la pornographie onirique faisant l’objet de recommandation à la mange aux plus de 145 ans (soit morts).Si vous êtes mort (soit plus de 18 ans) en revanche vous pouvez sans doute trouver les dites psyméos/psylms sur internet.
    L’inventateur a une vision de sa personne affreusement géométrique, gueule de cube haricoté qui ne gâte en rien son sourire enjôleur. Nous vous présenterons les psylms de coufault dès qu’ils auront été tirés en qualité correcte.

    Les psylms sortent en effet de la caméra sous forme de bouille noire, mazout qu’il faut traiter prestement à l’azote, à l’acétone-benzène-trempette, à la chambre rouge et nombres d’autres procédés complexes, jusqu’à obtenir un psylm lisible. La technologie étant encore jeune cela met parfois beaucoup de temps pour un résultat moyen.
    Les bobines (ou mélasses) de psylms sont conservées dans des boites au trésor dites « long-bobine-silver » dont on doit l’invention à stevenson ou à zeus, les historiens en débattent actuellement (Boite dont a manipulation a été expliquée par pandore-anésidora l’explosatrice, dans son best-seller « Moi pandore, first-lady : ma vie, ma boite, mes emmerdes » sous-titré « quand on te dit de pas ouvrir ça veut dire pas ouvrir » dans lequel elle confesse : « si un dieu vous fait un cadeau parallélépipédique réfléchissez-y à deux fois avant de dire oui »).


    Pas besoin de chercher de titre à nos psylms, ils se nomment et se montent d’eux-mêmes. l’automatisme ou l’inconscient sont le mot d’ordre. La qualité visuelle d’un psylm (qu’on consulte donc sur écran et pas encore directement par esprit interposé) dépend de l’état du psylmé-psylmeur :
    Y a des psylms  8mg à faible focale-irisation, flous, instables. Grace aux évolutions de la technologie et au formidable travail de restauration, à l’infini effort d’équipes consciencieuses et acharnées, certains films 8 ou 20 mg brouillés comme bouillie sont maintenant clairs comme de l’eau de roche et plus si affinité.
    En clair, comme pour la photo, le psylm en termes de qualité visuelle, sonore et même de contenu, dépend entièrement du tirage, du développement et des conditions d’enregistrement.


    les psylms 8mg ou plus sont ce qu’ils sont en partie sous l’effet des cachetons et autres succulentes crâniennes sans lesquels l’image serait nette (et combien que c’est important à l’ère du HD+) et de contenu différent à n’en pas douter.
    Les asiles regorgent donc de psylmeurs géniaux inconnus qui n’attendent que de montrer au monde l’intérieur merveilleux de leurs boites.
    Dernière précision : Le psylm ne pardonne pas, dans cet exercice on ne peut remplacer l’intuition ou les sueurs froides d’angoisse de mort par le brio scénique et les formules d’écriture. Un homme sans aspérité fera un psylm unilatéral bougon. Le psylm est terriblement honnête avec son psylmeur, le psylm est le psylmeur même.
    Exercice dangereux également car certains ne supportent pas de voir leur esprit sur écran, le contenu de celui-ci en cage surtout. L’industrie naissante du psylm alimente donc l’économie des hôpitaux psychiatriques, avec les entrant, (psylmeurs dépassés par leur matériaux et brisés au vol) et les malades déjà encadrés qui en général n’ont pas peur des images dans leur tête et les affrontent déjà assez, bref ceux qui ont de l’imagination ne risquent pas grand-chose. Les autres en revanche devront se faire vivre avant sous peine de grand désenchantement.

    Bref: bon psylm à  toutes et à tous.

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    Voici les court-psylmage d’un des premiers psylmeurs amateurs,  winsor mc keitaro :

    l’ensemble  little nemas’

    réalisé sous calmant et camisole en hôpital de jour dans la lumière crue d’une table d’opération un instant avant lobotomie-trépanation de l’infortuné psynemateur qui ne psylmera jamais plus par la suite, quoique le psylm décérébré soit du pain béni pour les amoureux d’art et décès). Cet ensemble se compose :


    -du premier tirage « décoloré »,  Première vision obtenue de ses délires pré-trépanatoires:


    - de la version « 8mg », la plus fidèle sans doute à la bouillie d’informations terrifiées auxquelles mc keitaro a dû faire face au moment de l’ouverture du ciboulot:


    -enfin de la version restaurée correspondant à une image sans antidépresseur de la précédente, dévoilant l’image exacte qui obsédait mc keitaro au dernier instant et qu’il n’a sans doute pu percevoir lui-même sous l’effet des anesthésiants. Ce tirage nous permet donc de voir mieux que lui-même ce qu’il a voulu se dire avant de perdre une bonne fois pour toutes ses facultés de délire comme de raison:

     

    On notera que les trois tirages concordent sur un point: la présence d'une lumière violente, sans doute celle de la lampe d'opération, la dernière qu'il a eu plein la poire.

    Les trois tirages permettent de voir à quel point le contenu même du récit, le matériau est sujet aux changements:
    Au premier tirage little nemas ‘ serpente sans fin son dédale noir sous le titre: little nemas’ in the mouth of tenochtitlan, tandis que le tirage le plus avancé au bromure de sodium nettoyé de ses psychotrope expose un psylm coloré, ayant pour titre little nemas’ dans les griffes de tegucigalpa.
    Le tirage numéro un à l’acide, tenochtitlan,  serait le « préquel » de tegucigalpa, pour ceux qui suivent, préquel ou « première porte ». Un même objet selon tirage peut donc raconter milles et une chose avec ou sans lien apparent.
    En résumé on a développé un film présentant un bambin dans le noir, le second tirage du psylm 6 ans plus tard, après apparition du  technicolor trichrome, est baveux à outrance, annonçant la couleur au sens propre. Tirage intermédiaire décrié par la critique pourtant passionnant.
     Au troisième tirage stabilisé est aparu little nemas’ dans les griffes de tegucigalpa que l’histoire du psynema retient généralement.
    L’ensemble Little nemas’ est le dernier psylm de mc keitaro, on peut parler de psylm testa-mental.
    Mc keitaro a laissé avant la terrible opération, la note d’intention testamentaire plantureuse que voici :

    “There was a boy
    A very strange enchanted boy
    They say he wandered very far, very far
    Over land and sea
    A little shy
    And sad of eye
    But very wise
    Was he

    And then one day
    A magic day he came my way
    And while we spoke of many things, fools and kings
    This he said to me
    "The greatest thing
    You'll ever learn
    Is just to love
    And be loved
    In return"


    Nous conseillons donc la consultation du psylm muet complet soi little nemas' dans les griffes de tegucigalpa agrémenté du nature boy de nat king cole. Idéalement faites chauffer le disque un peu en avance, 20 secondes, puis lancez le psylm.


    Il est connu que Mc keitaro cherchait à rejoindre la galaxie d'Orion. On a trouvé dans sa table de chevet une carte routière ainsi qu’une carte de la ville, dessinées telles qu’il les voyait. On s’aperçoit que little nemas’ in the mouth of tenochtitlan exécute le trajet indiqué par sa carte et qu’au final de tegucigalpa Orion apparait et lui tend les bras. Mc Keitaro est donc fondateur en ceci qu’il a laissé suffisamment de traces pour expliquer ses visions et qu’on peut les relier directement à sa propre vie. Il aura pavé le chemin du psynema moderne à la façon d’un méliès ou d'un cohl.

     

    cartes routières pour orion et carte de la cité d'orion.

    L'ensemble little nemas' de  winsor mckeitaro L'ensemble little nemas' de  winsor mckeitaro


    Restent les titres énigmatiques et insoluble encore, mc keitaro n’ayant visiblement aucun contact, aucune lecture, rien qui ne le relie à l’Amérique du Sud pré colombienne. Quand on a demandé au trépané d'expliquer ceux-ci, il aurait répondu: "c'est pas mes orions". On n'en saura pas plus.



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